BENEDICTION CROIX CHAPELLE – ECRINS

Monsieur le Maire de Champcella, le conseil municipal et l’Abbé E. Le Conte se sont réunis le dimanche 18 décembre 2022 afin de bénir la croix de la chapelle.

La croix dite de « La Chapelle » est une simple croix de bois, comme on les fait traditionnellement dans le Haut-Embrunais. Elle se trouve près du croisement des routes qui relient Ville – le chef-lieu de Champcella – à deux de ses hameaux : Gouas et Le Ponteil. Elle se dresse au bord du chemin qui était autrefois le principal axe de communication entre le village et le sud de vallée de la Durance.

La croix porte la date de l’année où elle a été érigée. Bien entendu, il ne s’agit pas de la première croix érigée en ce lieu. À partir du XIVsiècle cet endroit semble devenir le but de processions : au moins celle du mardi des Rogations, pour la bénédiction des fruits de la terre, et celle de la fête patronale – les saints Apôtres Pierre et Paul – le 29 juin. La procession de l’Ascension peut y faire une station, en se rendant sur le promontoire de La Gardette qui domine le chef-lieu.

Le quartier de La Chapelle est composé des prés voisins de la croix. Il est l’un des principaux lieux de passage des Villandrins (les habitants de Ville) et des autres Champcellouires lorsqu’ils circulent dans le secteur. Une expression très particulière est utilisée pour évoquer la traversée de ce quartier, ou bien une rencontre qu’on y a faite : on dit qu’on est allé, ou encore qu’on a croisé quelqu’un « à travers La Chapelle ».

Placée au pied de la croix, la pierre qui ressemble à celle d’un autel est-elle le témoignage de l’existence, en ce lieu, d’une chapelle : un édifice aujourd’hui disparu ? C’est possible mais pas certain puisque le mot « chapelle » a pu revêtir plusieurs significations. La plupart des anciens cadastres de Champcella – le plus ancien aujourd’hui conservé date de 1501 – contiennent le relevé de parcelles composant le domaine dit des « Chapelles ou dons faits à l’église ». Les cadastres des XVIIe et XVIIIsiècles mentionnent parfois une « masure » dans l’une ou l’autre de ces parcelles, mais sans dire s’il s’agit d’un ancien lieu de culte ou d’un bâtiment agricole inutilisé. Par ailleurs des actes notariés datés de 1681 et de 1689 donnent des renseignements sur le statut du domaine des chapelles et celui de la cure. Lorsqu’un prêtre est nommé curé de Champcella, il est « mis en possession » de ces petites exploitations agricoles dont les revenus arrondissent sa portion congrue. En échange, le curé du village ne demande aucune offrande pour la célébration des mariages et des funérailles. Cette organisation est présentée comme un modèle à suivre dans « L’Histoire du diocèse d’Embrun » publiée en 1783 par l’abbé Antoine Albert. D’après l’acte de 1681, la création des chapelles est due à deux paroissiens : Gonnet Granet et Pierre Achard. Ces notables vivaient au XVe siècle, comme le montrent, par exemple, certaines pièces d’archives du Chapitre de la cathédrale d’Embrun, ou bien le journal tenu par un seigneur local : Fazy de Rame. L’acte de 1681 précise que saint Augustin est le patron de toutes ces « chapelles » dont l’unique autel est le maître-autel de l’église paroissiale de Champcella. Dans ce cas, le mot « chapelle » peut désigner un bien dont les revenus sont destinés à la célébration du culte.

Texte de Christophe JAUFFRET